urbanismenom masculin(de urbain) Cet article fait partie du DOSS


La science de l'aménagement du territoire urbainL'organisation urbaineL'urbanisme peut être défini comme l'action réfléchie visant à disposer, à aménager ou à restructurer physiquement et socialement l'espace (urbain, voire rural) en vue d'assurer l'unification la plus harmonieuse et la plus efficace des fonctions que remplit un site donné, singulièrement l'habitation et la circulation. Il est inséparablement une théorie et une pratique dont l'exercice entraîne le recours à une technique.S'efforçant de penser, de planifier et d'organiser concrètement la mise en forme de l'espace des agglomérations, l'urbanisme intervient dans la disposition des bâtiments, la structure des réseaux de communication et des équipements publics, et, plus généralement, dans l'aménagement du territoire urbain. Il n'a été constitué comme discipline relativement autonome – affaire de professionnels dont l'action est inséparable de celle de la puissance publique et, partant, d'une réglementation juridique – qu'à partir de l'urbanisation intense consécutive aux progrès de l'industrialisation.Le rôle de l'urbanisteIntroductionHistoriquement, les premiers urbanistes au sens moderne du mot sont, en France, des spécialistes de compétences diverses qui ont fondé, les uns, l'Association générale des hygiénistes et techniciens municipaux (1905), les autres, la section d'hygiène urbaine et rurale du Musée social (1908), d'autres enfin, la Société française des architectes-urbanistes (1912), devenue en 1919 la Société française des urbanistes. Administrateurs municipaux, architectes, ingénieurs, voyers ont joué un rôle essentiel comme urbanistes dans l'entre-deux-guerres, mais l'appellation d'urbaniste tend surtout à devenir un appendice du titre d'architecte, qui, pour sa part, est légalement protégé.Aujourd'hui, le métier d'urbaniste est exercé par des architectes, des ingénieurs, des administrateurs, des sociologues, des géographes et des économistes.Une spécificité discutéeEn ouverture de Manière de penser l'urbanisme, publié en 1946, l'architecte Le Corbusier (de son vrai nom Charles Édouard Jeanneret) soutient que « l'urbaniste n'est autre chose que l'architecte ». Cependant, l'ouverture de l'urbanisme à la sociologie et à l'économie, notamment, contraint à remettre en cause un tel formalisme. Dans une étude intitulée « L'urbanisme d'aujourd'hui : mythes et réalités », le sociologue Henri Lefebvre soutient que « l'architecture et l'urbanisme doivent être distingués avec soin » en tant qu'ils se situent à « deux niveaux de la réalité sociale » : l'architecture est au niveau « microsociologique », tandis que « l'urbanisme est un problème macrosociologique », posé au niveau de « la société dans son ensemble ». Il affirme aussi que l'urbanisme est une idéologie.L'urbaniste n'a pas le pouvoir de décider des transformations de l'ordre spatial, et il ne réalise pas les travaux, mais il est à la fois le concepteur (ce qui implique le maniement d'abstractions) et l'organisateur de ces transformations dans le cadre des procédures administratives et des réglementations juridiques relatives à l'acquisition et à l'utilisation du sol.Le souci de l'embellissementLa définition de l'urbanisme comme théorie et pratique de l'aménagement urbain serait toutefois incomplète si elle n'intégrait la dimension esthétique. Il n'est pas d'ordonnancement de l'urbanisation qui n'obéisse à des canons esthétiques, quelle que soit la valeur de ceux-ci, leur filiation culturelle, leur degré d'académisme ou d'audace innovante. Grand ordonnateur de la ville, l'urbaniste pense et projette sur le tissu urbain un réseau de rapports entre les surfaces pleines (bâties ou à bâtir) et les surfaces vides (jardins, places, voies), entre la largeur des voies et la hauteur des constructions, entre les caractéristiques architecturales des bâtiments eux-mêmes, etc. : cet ensemble de rapports est réfléchi, selon l'expression de Jean-François Tribillon, comme un « système d'effets plastiques et émotionnels » dont le souci confère à l'urbaniste, outre le statut de planificateur du développement de la ville et de programmateur de son équipement, celui de metteur en scène de son paysage.La fonction constitutive de cette exigence esthétique a été très tôt formulée par l'un des plus grands théoriciens de l'histoire de l'urbanisme (ou plus exactement de l'art urbain), l'humaniste Leon Battista Alberti (1404-1472), qui en énonce le principe dans son De re aedificatoria, publié en 1483 ; il compose cet ouvrage dans une référence explicite à Vitruve, l'architecte romain du Ier s. avant notre ère, dont les Dix Livres d'architecture, redécouverts en 1415, constituent sans doute la plus grande théorie systématique de l'espace produite par l'Antiquité. Alberti identifie ce qu'aujourd'hui nous nommons urbanisme avec l'architecture elle-même, et réfléchit l'espace urbain dans la métaphore de l'édifice, comparant la ville à une grande maison et la maison à une petite ville. Trois principes doivent selon lui présider à l'économie générale de la ville-maison : la loi qui est au fondement de la vie sociale, à savoir la nécessité naturelle (necessitas) ; l'exigence d'une adaptation de l'ordre urbain aux usages de la vie courante et aux usagers eux-mêmes, la commodité (commoditas) ; enfin un idéal de beauté, voire de « volupté » (voluptas), entendu comme parfaite justesse des proportions.Évolution de l'art urbain vers l'urbanismeAntiquité et Moyen ÂgeL'urbanisme est directement impliqué dans trois cas de figure, affrontés de longue date par l'art urbain :– la création de villes nouvelles, qu'il s'agisse de villes industrielles (Nowa Huta en Pologne, Mourens dans les Pyrénées-Atlantiques), de nouvelles capitales (Brasília ou Yamoussoukro), de créations destinées à décongestionner les grandes villes (cités-jardins de Howard, villes nouvelles de la région parisienne) ou de cités scientifiques (Akademgorodok en Sibérie). La reconstruction consécutive à une guerre ou à une catastrophe naturelle entre parfois dans ce cas de figure, qu'elle vise à restituer à la ville sa morphologie ancienne (Saint-Malo sous la responsabilité d'Arretche) ou obéisse à un plan nouveau, soit sur un site différent (Agadir), soit sur le même site (Maubeuge) ;– la restructuration d'ensemble de la ville, telle la recomposition de Paris par Haussmann, ou le projet de rééquilibrage de l'agglomération lyonnaise baptisé « Lyon 2010 » ;– l'extension planifiée des villes existantes, illustrée notamment en France par la politique de construction des grands ensembles après la Seconde Guerre mondiale.Rénovation et réhabilitationÀ l'échelle du quartier, les problèmes d'inadaptation aux conditions de la vie moderne – exiguïté et inconfort des logements, insuffisante occupation du sol, inadéquation de la voirie à l'usage de l'automobile, etc. – motivent l'action de l'urbanisme, qui peut choisir des solutions différentes.La rénovation, radicale sinon brutale, consiste en une démolition du quartier, souvent pour cause d'insalubrité, et en constructions nouvelles. Très coûteuse, impliquant un usage important de la procédure d'expropriation, objet d'opérations spéculatives, cette méthode provoque également le départ, pour des raisons financières, de l'ancienne population, et entraîne par définition une modification de la typologie des bâtiments et de la morphologie des quartiers.La réhabilitation adapte le domaine bâti aux exigences du confort moderne en préservant la structure. Toutefois, lorsque la pression foncière est forte, ce qui est le cas notamment dans les centres-villes, cette solution conduit également les ménages modestes à quitter les lieux. Parfois, les pouvoirs publics ont pris conscience de la nécessité de mener une politique active de réhabilitation des habitats anciens qui, par une modération de l'évolution des prix fonciers et immobiliers, assure le maintien sur place de ses occupants.Il reste que l'urbanisme est impuissant à régler le problème de l'accroissement considérable de certaines mégapoles, telle la ville de Mexico, « capitale qui avale le Mexique ». C'est à la condition que la ville devienne l'affaire des citadins eux-mêmes, qui sont aussi citoyens, que chaque habitant pourra se voir reconnaître un véritable droit de cité.
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