télévisionnom féminin(anglais television) Cet article fait part
MÉDIASLe système télévisuel : de l'analogique au numériqueLa télévision est la transmission et la réception par voie électrique d'images et de sons de sujets fixes ou mobiles. Le récepteur de télévision, ou téléviseur, dont l'origine remonte aux recherches du physicien Michael Faraday dans les années 1830, a été mis au point au début du XXe siècle, essentiellement à partir de l'utilisation du tube cathodique. Les antennes hertziennes, le câble et les transmissions satellitaires ont successivement été employés pour la distribution des images. Les premières émissions datent des années 1930, mais la Seconde Guerre mondiale a enrayé le développement des programmes si bien que l'explosion de la production ne se produit qu'au cours des années 1950 dans les pays occidentaux, au cours des années 1980 dans le reste du monde. La libéralisation et la multiplication des chaînes sont allées de pair, comme dans le cas français.De multiples innovations techniques ont bouleversé le système classique télévisuel (analogique) en rendant les attentes plus fortes et plus sélectives : apparition de la télécommande, de la vidéo puis du DVD, élargissement des écrans au profit du format 16/9, apparition de la télévision haute définition, combinaison de la télévision et de la hi-fi afin de rendre l'ambiance d'une salle de cinéma (home cinéma ou cinéma à domicile), etc. Mais c'est le big bang récent des technologies numériques qui modifie le plus en profondeur les conditions de production, de distribution et de réception des programmes. (Télévision numérique hertzienne ou terrestre [T.N.T.])La télévision françaiseLe monopole de l'État sur les ondes a été institué dès 1927 pour la radiodiffusion, au nom de l'objectivité et de l'intérêt général.Les mutations du statutLes réformes du statut de la radiotélévision française se sont succédé, au rythme des changements politiques les plus importants :– en 1964, création de l'Office de la radiodiffusion-télévision française (O.R.T.F.) ;– en 1968, assouplissement de la tutelle du ministère de l'Information ;– en 1969, création de rédactions autonomes pour chacune des deux chaînes ; – en 1974, fin de l'O.R.T.F. et institution de sept sociétés distinctes ;– en 1982, suppression formelle du monopole de programmation et création d'une Haute Autorité ;– en 1986, remplacement de la Haute Autorité par la Commission nationale de la communication et des libertés (C.N.C.L.) ;– en 1989, remplacement de la C.N.C.L. par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (C.S.A.).Le P.A.F.Le paysage audiovisuel français (P.A.F.) se compose de chaînes publiques et de chaînes privées. Depuis 2009, France Télévisions est une entreprise unique chargée de concevoir et de programmer les services qui étaient jusqu'à présent édités par les sociétés France 2, France 3, France 4, France 5 et Réseau France Outre-mer (R.F.O.). L'ancienne première chaîne de télévision, TF 1, a été privatisée dès 1987. Également privé, Canal Plus fut en 1984 la première chaîne à fonctionner par abonnement et avec décodeur. Une autre chaîne privée non cryptée, M6, diffuse sur le territoire national. Arte est une chaîne européenne.Les chaînes thématiques (cinéma, sport, musique, voyages, séries…) sont des chaînes payantes, généralement transmises par le câble ou par satellite (bouquets de programmes).En 2005, la télévision numérique terrestre (T.N.T.) a fait son apparition dans les foyers. Moyennant l'usage d'un décodeur, elle donne accès à de nombreuses chaînes gratuites. Depuis 2006, France 24 – une chaîne d'information internationale en continu – est transmise par le câble et par satellite.Entre monopole et système commercialDans la plupart des pays européens, le développement de la télévision s'est fait selon le principe du service public. La France illustre bien ce principe puisqu'elle institue dès 1927 le monopole de l'État sur les ondes pour la radiodiffusion. L'organisme chargé de gérer les chaînes de télévision est la RTF (Radio-Télévision française) devenue l'O.R.T.F. (Office de la radiodiffusion-télévision française) en 1964, organisme « tenu » par le ministère de l'information. L'O.R.T.F est dissocié en sept sociétés distinctes en 1974, alors que le monopole public de programmation n'est aboli qu'en 1982. La première chaîne est créée en 1947, la seconde en 1964, avant l'apparition de la chaîne régionale FR3 en 1973.En Italie, la RAI est fondée au sortir de la guerre sur un modèle de proximité avec le pouvoir politique. La première chaîne émet en 1954, la seconde en 1961, la troisième, enfin, en 1979. En RFA, la télévision publique est fondée, au sortir de la guerre là encore, sur le principe du fédéralisme. La première chaîne, l'ARD, est une fédération d'une dizaine de stations régionales. La seconde chaîne publique, la ZDF, est fondée en 1963 sur une base centralisée. La Belgique lance sa première chaîne publique en 1953 en la faisant reposer sur deux organismes, l'un wallon (la RTBF), l'autre flamand (la BRT).Le Royaume-Uni se distingue par l'antériorité et la cohérence de sa démarche. La BBC, service public de radiodiffusion naît dès 1922. Ce service propose rapidement une télévision et est confronté à la concurrence du privé dès 1955 (apparition de ITV, par ailleurs BBC 2 est créée en 1964). Les pouvoirs publics ne mettent pas la BBC sous tutelle, ce qui contribue à son essor et à la qualité de ses programmes.Alors que la démarche européenne a consisté généralement à instaurer des monopoles publics et à multiplier par la suite des autorisations d'émettre pour le privé, celle des États-Unis a reposé entièrement sur la création d'un secteur privé, complété par un réseau public en 1966 (PBS). Les modèles se rejoignent aujourd'hui : domination du secteur privé, importance néanmoins des services publics. Il est à noter que des différences existent dans les modes de financement des télévisions publiques : pas de publicité au Royaume-Uni pour la BBC, importance de la publicité historiquement pour les chaînes publiques françaises et italiennes. Mais le passage d'un modèle de financement à un autre, comme envisagé en France (suppression de la publicité sur France Télévisions), n'a jamais été expérimenté.« Le » média de masseDu point de vue social, la télévision est le média de masse par excellence. Dans les pays occidentaux, plus de trois individus sur quatre la regarde tous les jours. La consommation quotidienne de télévision avoisine à elle seule 3 h 30 par personne en 2008 en France, 4 h 00 aux États-Unis et en Grande-Bretagne.La pratique télévisuelle est si présente et si visible qu'elle suscite des interrogations sur ses fonctions, ses effets, son utilité sociale. Mais il faut penser la télévision comme une pratique culturelle, qui a du sens y compris dans ses activités de zapping ou de « tapisserie ». Elle soude une communauté nationale et internationale partageant les mêmes rites puisqu'il n'existe pas dans nos sociétés de pratique où les différences de comportements soient aussi faibles : 96 % des foyers possèdent un téléviseur et les contenus de ce média sont le second objet de discussion dans l'entreprise (après le travail) et à l'école. Elle demeure toutefois inégalitaire car surconsommée par une forte minorité de la population, plus âgée, plus populaire et plus féminine que la moyenne. 10 % des publics représentent près de 30 % de l'écoute, 30 % des publics 60 % de l'écoute alors que les plus réfractaires représentent moins de 1 % de l'écoute pour 10 % de la population.Le public de gros consommateurs de télévision, ou « grand public », ne peut être vu cependant comme aliéné par opposition aux autres. Quelques éléments statistiques suffisent à contredire cette thèse : le grand public est plus sélectif que les « élites » (les Parisiens diplômés sont ceux qui savent le moins ce qu'ils vont regarder), il attend de la diversité des programmes (il consomme tous les types d'émissions). S'il y a des téléspectateurs pour les journaux télévisés, les magazines, les documentaires, les émissions culturelles, c'est parce qu'ils sont regardés par ceux qui utilisent beaucoup la télévision. Ceux qui la regardent moins n'ont pas une pratique centrée sur les émissions prestigieuses. Les diplômés regardent proportionnellement plus que les gros consommateurs les programmes de cinéma et de sport…La télévision est-elle en déclin ?Deux grandes mutations menaceraient la télévision. L'avènement du web fait imaginer un déclin du média de masse au profit d'Internet (la fin de l'écoute massive de télévision, la montée de l'interactivité). La diffusion numérique et la multiplication des supports, rendant possibles de nouveaux modes de consommation de la télévision fondés sur l'interactivité, fait évoquer un éclatement des pratiques télévisuelles.La concurrence d'InternetLes enquêtes sur les pratiques démontrent cependant qu'il n'existe pas de concurrence nette entre la télévision et les autres médias, sauf pour des populations très précises. Internet prend place dans le paysage préexistant des médias sans expulser ses devanciers, contrairement à la thèse de substitution des médias. La concurrence exercée à l'égard de la télévision était au départ réelle au niveau de la perception : le rejet de la télévision est en effet plus élevé dans les catégories sociales qui se sont appropriées les premières Internet. Mais la hausse continue et significative de la consommation horaire de télévision depuis le lancement d'Internet vient démentir la thèse du déclin du grand média d'images. Celui-ci est ancré dans des routines familiales et répond à des attentes de sociabilité et de culture non satisfaites par le Net. L'écoute télévisuelle est d'autre part profondément polymorphe : près de 50 % des gens déclarent faire autre chose en regardant la télévision, manger, parler, dormir, repasser, lire, etc. Elle absorbe des usages nouveaux comme ceux liés à Internet : 40 % des jeunes internautes écoutent la télévision tout en jouant, surfant sur le web ou en consultant leurs courriers.La convergence technologique des supportsLa convergence programmée de la télévision et de l'Internet était au départ envisagée avec une fusion des écrans et la possibilité de gestion interactive des programmes télévisuels (du choix des contenus jusqu'au choix des caméras). Cette convergence se heurte cependant à des obstacles : les publics, qui estiment dans leur majorité que l'offre de contenus est déjà suffisante et assez coûteuse, ne s'intéressent pas aux outils de filmage (pourquoi sélectionner avec difficulté les caméras pour une course de F1 quand un réalisateur fait cela très bien ?) et ne sont pas profondément séduits par l'interactivité (la formule du télé-achat est la seule à s'être imposée depuis les années 1950 à la télévision). Les essais de fusion ordinateur/téléviseur n'ont guère satisfait les utilisateurs qui n'avaient pas envie de regarder la télévision sur ce qu'ils percevaient avant tout comme un poste de travail et de jeu. Au total, l'empilement des technologies à la maison, et non leur réduction, montre que la divergence technologique reste paradoxalement plus forte que la convergence.L'identité télévisuelle face à la dissémination des imagesLa thèse de la diversification des supports de réception voit dans la dissémination avancée des images la vraie raison de la disparition de la télévision. Noyée dans un océan d'écrans, désarticulée par la vidéo et le DVD, le téléchargement sur Internet, le mobile, le podcasting, la télévision perdrait de sa centralité dans la production du sens commun : pour le spécialiste des médias Jean-Louis Missika, « il y a toujours plus d'images et moins de télévision ». La baisse des audiences des grandes chaînes au profit des chaînes thématiques ajouterait à la « démédiatisation ». À cette thèse s'opposent de nombreux faits et arguments. L'audience télévisuelle stricto sensu ne baisse pas, celle des grands networks s'est stabilisée et demeure élevée à 40 % environ. L'écoute en famille ne diminue pas, seule progresse l'écoute individualisée. Si la télévision a eu pour effet de consolider la famille nucléaire dans les années 1950-1960, en fournissant un support pour des pratiques partagées, si elle fournit un vocabulaire commun et sert de lieu d'échange, elle n'a jamais coïncidé avec l'idéal d'une société célébrant son unité par une culture commune. Les mutations qui l'affectent sont celles de l'individualisme, compatible avec la recherche de sens en commun. La dissémination des images, indéniable, ne signifie pas la disparition de l'identité télévisuelle : les médias ne sont jamais des entités isolées, pures, ils se définissent les uns par rapport aux autres et enregistrent des cycles complexes d'échange de propriétés. L'impact de la technologie est une redéfinition des frontières entre médias et non une disparation des frontières. Il est même possible de soutenir que se produit l'invention véritable de la télévision. Parvenue à la maturité du point de vue créatif, comme en attestent le genre le plus décrié, la télé-réalité, et le plus loué, les séries, elle propose des œuvres qui par leur format et le rythme de réception qu'elles supposent, inscrit dans la quotidienneté, ne peuvent plus être assimilées par les autres médias (notamment le cinéma). Les programmes les plus regardés sont désormais produits pour le « petit écran », ce qui signifie que la télévision s'est autonomisée comme média.
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