symbole

nom masculin
(latin symbolum, du grec sumbolon, signe) Signe figuratif, être animé ou chose, qui représente un concept, qui en est l'image, l'attribut, l'emblème : Le drapeau, symbole de la patrie.
Personne qui incarne de façon exemplaire une idée, un sentiment, etc. : Il est le symbole de la générosité.

Chimie
Lettre ou groupe de lettres servant à désigner les éléments.
Informatique
Signe de base de l'alphabet d'un langage de programmation.
Identificateur d'une variable ou d'une adresse dans un langage d'assemblage.
Logique
Élément constitutif d'une théorie mathématique formalisée. (On distingue les symboles logiques, communs à toutes les théories, comme &, ∀, etc., et les symboles non logiques, comme +, ×, etc., propres à la théorie considérée.)
Monnaies
Signe distinctif gravé sur une monnaie et indiquant sa provenance.
Rhétorique
Figure de rhétorique par laquelle on substitue au nom d'une chose le nom d'un signe que l'usage a choisi pour la désigner. (La « robe » pour la magistrature, l'« épée » pour l'état militaire.)
Technique
Figure conventionnelle qui représente une machine, un appareil, etc., ou qui apporte une précision relative à son procédé de fabrication, d'assemblage, etc.
Théologie
Formulaire abrégé de la foi chrétienne.

RHÉTORIQUELe flou du terme gêne et rassure ; tout ou presque peut être dit symbole. Pour Bescherelle, le symbole « est un trope par lequel on substitue au nom d'une chose le nom d'un signe que l'usage a choisi pour la désigner ». Par lui, un terme désignant un objet concret se substitue à celui qu'appelle l'isotopie du texte. L'objet est choisi pour signifier l'une ou l'autre des qualités dominantes du terme symbolisé. La colombe symbolise la paix, le pardon divin dans la tradition biblique, le Saint-Esprit pour les chrétiens ; l'autruche symbolise l'aveuglement, etc. Certains codages, indiquant des opérations qui se répètent assez souvent pour qu'il soit utile de les condenser en signes motivés, utilisent des symboles. Le rappel systématique les éloigne de l'arbitraire individuel qui fonde, malgré tout, l'interprétation symbolique, tout en les rapprochant d'un autre arbitraire, celui du signe. Pour Peirce, le symbole est une convention sociale, il s'oppose à l'indice, réalité qui agit par contiguïté, et à l'icône, que caractérise une ressemblance avec le référent.La représentation matérialisteLe symbole produit ou met au jour une signification. L'activité symbolique est double, déchiffrement et production. Contrairement à la métaphore, le symbole invite à reconnaître un sens caché. C'est pourquoi l'activité symbolique est si fortement à l'œuvre dans les « mécanismes » de l'inconscient. Le caché peut inviter à lire l'interdit, ou le perdu. Si le sens est maintenant caché, c'est qu'il est interdit (symboles sexuels) ou perdu (mythes des origines). Ou alors, le sens a toujours été et perdu et caché ; le mythe tire sa séduction d'un fonctionnement déceptif, qui commande lui-même toutes les tentatives herméneutiques. Nous sommes orientés vers une histoire « à rebours » où la psychanalyse vise l'individu, tandis que la production poétique cherche une communauté métaphysique.C'est ainsi qu'à côté des symboles conventionnels, au moins pour le monde judéo-chrétien, se construisent des symboles contingents. Comme la métaphore, de tels signes produisent toujours des significations spécifiques à un discours. Il n'est pas dit, d'ailleurs, qu'un symbole conventionnel, pris dans la structure particulière d'un texte, n'y produise pas des effets singuliers. On note alors un parallélisme entre le système narratif, pris dans sa totalité, et le système symbolique qui en scande certaines parties. Le symbole de la peau de chagrin dans le conte éponyme de Balzac en est un exemple, peut-être trop éclairant, mais la répétition anodine des jours en même temps que la montée de l'inexorable dans Madame Bovary pourraient s'illustrer dans le texte, et constituer aussi un modèle pour le récit. Le sens est alors le produit d'une tension entre deux agencements de la lecture.La représentation métaphysiqueÀ cette représentation matérialiste du symbole comme activité agissante dans la lecture et l'écriture, la tradition européenne en a opposé une autre, métaphysique. L'articulation complexe, et apparemment contradictoire, des philosophies sensualistes et de la métaphysique allemande, liée au regain d'intérêt des romantiques pour les poètes du XVIe siècle, est à l'origine d'une réflexion sur le langage et ses rapports à Dieu. « Tout est symbolique aux yeux du poète… il cherche à trouver quelques traces de cette langue primitive révélée à l'homme par Dieu même », écrit Alexandre Soumet dans la Muse française ; et Jouffroy commente le symbole comme « un accord à distance sur la lyre universelle ». Le discours qui parle de poésie pure, d'intelligence divine, a les mêmes attendus que le positivisme de la dénotation. Pour lui, le sens est toujours-déjà là, dans la nature (cf. le premier quatrain des Correspondances de Baudelaire) ; le symbole est l'outil de son dévoilement. « Au fond, écrit Ballanche, le symbole est une vérité que la bouche de l'homme ne peut dire à l'oreille de l'homme, et que l'esprit dit à l'esprit. » En rendant « conformes » « l'ordre physique » et « l'ordre supérieur », le poète agit par révélation. Mallarmé fera éclater, plus tard, cette conformité en soulignant le travail vital de l'écriture poétique et en écartant toute transcendance.Pierre Leroux confirme cette interprétation positive, dénotative, du symbole : le « rapport harmonique » de la pensée et du langage consiste « à ne développer jamais une idée morale, mais à lui substituer un emblème ou un symbole ». C'est, avec, bien sûr, quelques décalages stylistiques et historiques, la conception de Jean Moréas quand il présente le symbolisme aux lecteurs du Figaro, une cinquantaine d'années plus tard. La démarche est inverse (il part de « l'idée »), le résultat proche : « L'idée ne doit point se laisser voir, privée des somptueuses simarres des analogies extérieures ; car le caractère essentiel de l'art symbolique consiste à ne jamais aller jusqu'à la concentration de l'Idée en soi. » Ce qui justifie les remarques indulgentes, mais aussi désabusées, de Valéry (Variétés) : « C'est en vain que les observateurs de ces expériences (désordres syntaxiques, rythmes irréguliers, figures continuelles) s'en prenaient à ce pauvre mot de symbole. Il ne contient que ce que l'on veut ; si quelqu'un lui attribue sa propre espérance, il l'y retrouve ! » Un élément de la poétiqueAussi, peut-être faut-il quitter le discours sur le symbole pour en interroger, selon le mot de J.-L. Backès, les « pratiques », et y voir un geste fondateur de la poétique.De même que la métaphore échappe à la catachrèse, le symbole n'est pas le terme générique d'une liste potentiellement énumérable d'équivalences motivées. Mais il est vrai qu'il est guetté par la fixité de la redite (cf. les abaques qui règlent sa signification dans les mantiques) et que, si répétition productive il y a, c'est précisément par un geste qui confirme « la force du mythe » (« Je me sentais un héros, vivant sous le regard des dieux », Nerval, Aurélia). Ainsi, dans la tradition ésotérique, « symboles de l'Univers » et « Univers des symboles » participent du même projet. La poésie symboliste ne refait pas, à l'envers, le parcours de l'histoire, pas plus que l'analogie n'organise le dévoilement de l'idée. « Dans le paysage de l'âme, note encore Nerval, la déesse se fait connaître au cours d'une montée symbolique au moment où le soleil dissipe les brouillards du matin. Ainsi arrache-t-elle le voile qui couvre la beauté des Muses. » L'intérêt de l'analogie ne réside pas dans le parallèle entre la beauté des Muses et celle de la nature (que le soleil dévoilerait) mais dans le geste initiatique de la découverte et de l'abandon, geste rituellement symbolique et qui fonde le mythe.Dans un sonnet « hermétique » des Chimères, le héros vaincu (Antéros : « Je retourne les dards contre le dieu vainqueur ») mais indompté (« Je ressème à mes pieds les dents du vieux dragon ») répète les gestes de conjuration : « Ils m'ont plongé trois fois dans les eaux du Cocyte. » Et l'exégète s'interroge sur la place de la rédemption dans cette vengeance systématique. C'est Jung qui la fait découvrir : « La pierre qui est née du Dragon représente l'équivalent d'un Rédempteur surgi de l'Inconscient. »Si le symbole évoque ainsi un sens caché, il appelle l'interdit, ou plutôt, il est le montré du caché, de l'interdit, et c'est à ce titre que Freud l'analyse dans l'Interprétation des rêves (1900). Le rôle du symbole dans la manifestation du tabou a été souvent signalé à côté de la substitution paronomastique.Mais le symbole peut jouer du montré pour refuser de désigner le caché en pratiquant la dénégation. Ce second processus de symbolisation est présenté par Freud dans le Mot d'esprit (1905) ; c'est l'agression par l'emploi d'un récit ou d'une allusion symbolique. Mais cette construction allusive permet en même temps (et joue sur) le « malentendu ». En effet, contrairement à la métaphore, acceptée ou non identifiée, le symbole, comme l'allégorie, joue sur un savoir antérieur à l'instant de l'énonciation, ce qui permet un processus communicatif complexe. C'est à quoi s'amuse A. Gide (le Traité du Narcisse, 1891) quand, par des mots à double entente, il évoque les manifestes lourdement discursifs sur le symbolique et les mythes du paradis perdu : « Chaste Éden… où prouver était inutile. »→ rhétorique, figure

THÉOLOGIETrois symboles sont entrés dans la liturgie catholique.Le symbole des Apôtres, ou le Je crois en Dieu, qu'on trouve avec de multiples variantes depuis le IIe s. Son texte a été fixé en 1566. Le symbole de Nicée (325) - Constantinople (381), établi par le concile œcuménique de Nicée comme règle de foi contre les ariens, développé dans sa troisième partie (le Saint-Esprit) par le concile œcuménique de Constantinople. Le symbole de saint Athanase, attribué à saint Athanase d'Alexandrie, mais dont l'auteur est inconnu : ce texte insiste sur le dogme de la Trinité. Les principaux symboles dans les Églises protestantes sont, pour les luthériens, la Confession d'Augsbourg (1530), les Articles de Smalkalde et la Formule de Concorde (Concordiae Formula, 1580) ; pour les calvinistes, les Confessions helvétiques (1536 et 1566), le Catéchisme de Calvin (1536 et 1542) ; pour les confessions anglicanes, le Bill des Trente-Neuf Articles (1563).
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