mythenom masculin(grec muthos, récit) Cet article fait partie d
Récit fondateur de l'histoire des hommes, le mythe s'enracine hors de l'histoire, dans des origines indistinctes où les dieux, les êtres et le monde cherchaient à établir leurs places respectives.
Le langage courant emploie aujourd'hui le mot « mythe » soit pour dénoncer une illusion (« l'indépendance de l'État-nation n'est qu'un mythe »), soit pour évoquer l'image idéalisée, exaltée, d'une personne (le « mythe » de Marilyn Monroe), d'une situation ou d'un événement (le « mythe » du Tour de France). Ces usages soulignent combien le discours mythique, en cela comparable au rêve, relève d'une relation équivoque avec la réalité.
Petite histoire du mytheParole vraie ou mensonge dans l'Antiquité grecqueÉtymologiquement, « mythe » vient de muthos, qui, dans la langue grecque du milieu du Ve s. avant notre ère, désigne encore un énoncé considéré comme vrai. Muthos et logos (« raison ») restent synonymes tant que les propos qu'ils qualifient sont échangés entre des personnes se reconnaissant membres du même monde politique et culturel. Puis, à l'inverse du logos, demeuré la parole juste qui défend l'ordre établi et fait l'éloge de ses héros, le mythe désigne « la rumeur qui menace la parole de louange, les voix de l'envie qui font obstacle au surgissement de la Vérité ».Histoire ou fablePour l'ethnologue Bronislaw Malinowski (Trois Essais sur la vie sociale des primitifs, 1926), célèbre pour ses recherches de terrain sur une société insulaire d'Océanie de l'Ouest, le mythe est tout entier présent et actif au sein même de la société où on le recueille. Le mythe, explique-t-il, « sert principalement à établir une charte sociologique, à justifier rétrospectivement un certain code de conduite morale, à attester la réalité du miracle primitif et suprême de la magie ». En insistant sur la fonction sociale et culturelle du mythe, Malinowski en vient à voir dans ce type de récit une forme de contrat social. Logiquement, le récit s'adapte à l'événement, venant justifier les prétentions des uns et des autres en matière politique, foncière, religieuse.L'anthropologue Edmund Leach traite aussi des mythes et des rites comme d'un « langage de signes par lesquels les hommes expriment leurs droits et leurs statuts », mais, ajoute-t-il, « c'est un langage pour discuter, ce n'est pas un discours harmonieux ». Pour Karl Marx puis Max Weber, les mythes développent des arguments au moyen desquels les hommes tentent de légitimer leur situation, leur place, éventuellement leurs privilèges, au sein de la structure sociale. Le mythe participe de l'idéologie au sens où il transpose sur le plan imaginaire des contradictions et des problèmes que les hommes, ou du moins certains d'entre eux, ne veulent pas regarder en face. La logique du mythe est ainsi rapportée à une logique sociale qui, finalement, serait celle de l'auto-aveuglement, de la mauvaise foi ou de la propagande. Le mythe masquerait et atténuerait par là les formes de domination, tout comme, sur le plan psychologique, il cacherait, tout en les révélant indirectement, les désirs des individus.Les différents types de mythesOn distingue les mythes qui racontent la naissance des dieux (théogonie), ceux qui racontent la naissance du monde (cosmogonie), ceux qui expliquent le sort de l'homme après la mort (eschatologie) et les autres – tels les mythes de la naissance et de la renaissance, les mythes de héros civilisateur ou culturel (Prométhée) ou encore les mythes de fondation (fondation de Rome par Romulus et Remus). Les trois premières catégories entretiennent des rapports étroits avec les religions : de nombreux rites religieux, en effet, reproduisent certains aspects ou certains détails des mythes. Les mythes qui ne relèvent pas des catégories ci-dessus font l'objet de récits folkloriques, de chants poétiques élaborés, qu'on trouve chez les peuples les plus divers : ainsi ceux que transmettaient les aèdes dans la Grèce antique, ceux que continuent de transmettre les griots africains de nos jours.
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