genre

nom masculin
(latin genus, -eris)

Cet article fait partie du DOSSIER consacré aux genres et registres littéraires.

Ensemble de traits communs à des êtres ou à des choses caractérisant et constituant un type, un groupe, un ensemble ; sorte, espèce : Aimez-vous ce genre de spectacle, ce genre de filles ?
Un genre de, une sorte de (indiquant une analogie, une ressemblance, une approximation) : Ce chapeau était un genre de bonnet.
Manière d'être de quelqu'un ; comportement, attitude ; allure de quelque chose : Il a un genre bizarre. Avoir le genre artiste.
Catégorie d'œuvres littéraires ou artistiques définie par un ensemble de règles et de caractères communs ; style, ton d'un ouvrage : Le genre oratoire.
Avoir bon genre, mauvais genre, avoir un drôle de genre, avoir une allure distinguée, vulgaire ; avoir une allure bizarre ; être bien, mal élevé.
C'est, ce n'est pas mon genre, c'est, ce n'est pas dans mes habitudes, dans mes goûts : Ce n'est pas son genre d'être en retard.
Dans (en) son genre, dans la catégorie dont fait partie quelqu'un ou quelque chose ; à sa façon : Il est unique en son genre.
En tout genre, en tous genres, de toute(s) sorte(s).
Faire du genre, avoir des manières affectées, de l'affectation.
Genre humain, ensemble des hommes, humanité.
Mélanger les genres, mêler des tons, des styles différents ; faire interférer dans un problème des considérations qui ne conviennent pas au style de la discussion.Biologie Ensemble d'êtres vivants, situé, dans la classification, entre la famille et l'espèce, et groupant des espèces très voisines désignées par le même nom latin : nom générique suivi d'un nom spécifique, propre à l'espèce. (Exemple : le genre canis renferme l'espèce Canis lupus [le loup], l'espèce C. vulpes [le renard] et l'espèce C. familiaris [le chien].)Beaux-arts Catégorie définie par la nature du sujet traité par l'artiste. Grand genre ou genre historique, le genre noble, la peinture d'histoire. Peinture de genre, catégorie picturale comprenant les scènes de caractère anecdotique, familier, intime ou populaire. (Synonyme : scène de mœurs.)Géographie Genre de vie, combinaison de pratiques culturelles et techniques, consolidées par la tradition, caractérisant le mode d'existence d'un groupe humain individualisé dans un cadre spatial donné.Linguistique Catégorie grammaticale fondée sur la répartition des noms en deux ou trois classes (masculin, féminin, neutre) selon un certain nombre de propriétés formelles (genre grammatical) auxquelles on associe le plus souvent des critères sémantiques relevant de la représentation des objets du monde (genre naturel).Musique Genre musical, ensemble de formes de même caractère, réunies par leur destination (exemple musique de chambre) ou par leur fonction (exemple musique sacrée).Philosophie Dans la philosophie d'Aristote, caractère commun à tous les objets d'une science, ou classe de ces objets.

BEAUX-ARTSLa notion de « peinture de genre » s'est élaborée tardivement, et de façon arbitraire, à partir d'un état de fait : le développement, amorcé dès le XVIe s., d'une peinture rejetant les « grands » thèmes historiques ou religieux, les allégories savantes, les commémorations grandiloquentes d'un événement précis. Mais c'est seulement au XIXe s. que le terme a pris son sens actuel. Bosch et Bruegel l'Ancien sont les grands précurseurs de la peinture de genre, qui s'épanouit au XVIIe s.Le XVIIe s.L'ItalieAutour de Vermeer, un autre courant se dessine – avec entre autres P. De Hooch –, celui de la vie silencieuse, du monde clos où s'enferment l'amoureuse pour lire sa lettre, le géographe pour sonder les secrets de l'univers, la dentellière pour manier ses fuseaux. Alors, par la magie de la lumière, par la richesse de la touche, l'objet le plus humble prend l'importance et l'éclat d'un trésor.L'EspagneSéville, dans la première moitié du XVIIe s., est un foyer artistique florissant, où se formeront Zurbarán, Murillo, Velázquez. La Vieille Femme qui fait frire des œufs, le Porteur d'eau, le Déjeuner mettent en scène le petit peuple.Les XVIIIe et XIXe s.Au XVIIIe s., en France, la peinture de genre se pare d'une distinction élégante chez Watteau ou Boucher, mais c'est Chardin qui, dans son siècle et même au-delà, domine toute son histoire. En Angleterre, où elle ne fait que naître, Hogarth lui confère une dimension satirique. Celle-ci se retrouve au siècle suivant chez Daumier, qui traduit l'injustice et la misère dont il est témoin. Les œuvres de Courbet, qui met sa puissance créatrice au service du réalisme, dépassent par là la peinture de genre.

LINGUISTIQUELes substantifs d'un certain nombre de langues sont répartis en deux ou trois classes grammaticales spécifiques correspondant à la notion de genre : le masculin et le féminin (pour le français, l'hébreu, l'hindi, etc.), le masculin, le féminin et le neutre (pour le grec, le latin, l'allemand, le russe, etc.). En français, dans Le maître est arrivé, il est gentil vs La maîtresse est arrivée, elle est gentille, le genre s'exprime par les suffixes (-/-esse), par l'accord (le/la, gentil/gentille, arrivé/arrivée) et par la référence pronominale (il/elle). À cette catégorisation formelle (genre grammatical) vient se superposer, dans certains cas, une catégorisation sémantique (genre naturel) qui oppose les personnes et les objets (animés et non-animés) et, à l'intérieur de la classe des animés, les individus mâles et les individus femelles.

LITTÉRATUREComme en peinture ou en musique, la notion de genre a permis en littérature de classer les œuvres suivant leur sujet ou leur style : on parle de genre romanesque, épique, épistolaire, dramatique, etc. Bien qu'existant depuis Aristote, cette notion ne peut être clairement définie. Tantôt attachée à la forme, tantôt à l'objet littéraire, elle n'a eu de cesse de passionner les plus grands écrivains et critiques. D'aucuns ont tenté de la théoriser, et de fixer des règles, d'autres de la rejeter (notamment au XXe s.). Ce qui est certain, c'est que malgré les nombreuses querelles littéraires qu'elle continue encore aujourd'hui de soulever, elle reste l'une des façons la plus évidente de classer les œuvres littéraires.Depuis Aristote et sa Poétique, la rhétorique, (l'art du discours), s'est spécialisée en poétique, ou codification des différents genres de l'écrit, se restreignant à la seule elocutio (ornement, art de dire), au détriment de l'inventio (invention, recherche des arguments) et de la dispositio (disposition, mise en ordre). Une hiérarchie s'est établie, du style noble (ou sublime) au style bas (ou trivial), en passant par le médiocre, correspondant aux trois classes de la société (nobles, bourgeois, paysans). Pour simplifier, on a pu caractériser les œuvres littéraires à partir des pronoms personnels et des temps verbaux qui y dominent. Au je (présent) correspond le genre lyrique, au tu le théâtre (comique ou tragique, selon la nature des personnages), au il (passé) l'épopée, le récit narratif.Les théoriciens se sont appliqués à définir les règles précises convenant à chaque genre et à dénommer chacune de ses catégories internes (c'est, essentiellement, l'objet des « arts poétiques »). De sorte que s'est établi un pacte, un contrat de lecture, entre l'auteur, inscrivant son texte dans un ensemble donné, et le lecteur, qui sait précisément à quel type d'émotions s'attendre, à quels principes esthétiques on fait appel sous une étiquette donnée. Le genre fonctionne alors comme une référence, un ensemble de conventions commodes qui permet une lecture en fonction de règles supposées connues du lecteur, et que l'auteur s'épargnera donc la peine de rappeler. Mais toute codification rigoureuse finit par déplaire au créateur véritable, qui cherche à s'en débarrasser ou à se situer ailleurs ; de même, le lecteur se lasse des formes conventionnelles.En effet, les débats sur les genres littéraires n'ont pas manqué et ce depuis l'Antiquité. Quintilien (Institution oratoire), Nicolas Boileau (Art poétique) ou Ferdinand Brunetière (l'Évolution des genres dans l'histoire de la littérature) ont tenté de les définir, tandis que Benedetto Croce, Maurice Blanchot ou Roland Barthes ont tenté de les rendre obsolètes. Ainsi Maurice Blanchot en est-il arrivé à rejeter la notion même de genre, et à déclarer: « Un livre n'appartient plus à un genre, tout livre relève de la seule littérature. »
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