enseignementnom masculin Cet article fait partie du DOSSIER cons
L'HISTOIRE DE L'ENSEIGNEMENTL'enseignement occupe une place essentielle dans l'histoire des civilisations. C'est seulement par l'existence d'institutions éducatives, plus ou moins structurées, que les hommes ont pu se transmettre les connaissances indispensables au développement et à l'organisation de la vie en société. Enseigner est donc un acte fondamental qui relie les individus dans le temps et dans l'espace : il apparaît ainsi comme la condition même de tout progrès technique, économique et social.Les systèmes éducatifs, les conditions de leur apparition et leur évolution ont pu varier selon les pays et les époques ; à ce titre, leur histoire est inséparable de celle de l'évolution des civilisations et des sociétés.Les sociétés primitives et l'AntiquitéDans les sociétés archaïques, l'enseignement se résume à une formation spontanée, purement pratique. Il s'agit, pour l'enfant ou l'adolescent, de trouver progressivement sa place dans le groupe. Cette insertion sociale est dictée par deux principes. L'imitation, d'abord, pousse l'enfant à faire les gestes et accomplir les actes quotidiens des adultes du clan : les garçons apprennent par exemple à chasser et les filles à vaquer aux travaux ménagers. Ensuite, l'initiation est liée à un ensemble de rites et de cérémonies magiques, religieuses ou techniques au terme desquelles se produit l'accession complète et définitive à la vie sociale du groupe : c'est le passage à l'âge d'homme. La participation constante aux tâches courantes, la conformité aux croyances et la soumission aux coutumes sont donc les principes de base de l'éducation dans les sociétés archaïques. Cet apprentissage n'a qu'un seul but : l'admission des jeunes dans le groupe, condition même de la survie individuelle et collective. Comparé à nos systèmes actuels, ce type de formation dépourvu d'institutions véritablement structurées a l'avantage d'être en rapport étroit et permanent avec la réalité concrète et pratique ; mais il tend à faire de l'homme un être entièrement dépendant du milieu clos dans lequel il vit.Les premiers systèmes d'éducation (Inde, Chine, Égypte)Le mouvement s'étend. L'Américain John Dewey, professeur de pédagogie, avait déjà fondé en 1896, à Chicago, l'école-laboratoire : il cherchait à cultiver la faculté d'adaptation au milieu et à favoriser les méthodes actives que résume la formule « apprendre en agissant ». L'Allemand Georg Keschersteiner, auteur du Maître camarade (1912), insiste sur le goût de la liberté et de la valeur formatrice du travail manuel. L'Italienne Maria Montessori se livre, à partir de la psychiatrie, à une observation de l'enfant, dont elle laisse s'épanouir la liberté et pour lequel elle invente un matériel didactique ; un livre, les Étapes de l'éducation (1936), rend compte de ses méthodes et de ses buts. C'est à partir de principes semblables que le médecin belge Ovide Decroly rédige Vers l'école nouvelle (1921) et les Intérêts de l'enfant (1925). Le Français Célestin Freinet met en pratique les méthodes actives en instituant, par exemple, le système de l'imprimerie à l'école. Les activités dirigées entrent progressivement dans les établissements scolaires à partir de 1938 en France, où est tentée, de façon limitée en 1945, l'expérience des classes nouvelles qui marquent une volonté de rénovation pédagogique.L'extension progressive de la gratuitéAu lendemain de la Première Guerre mondiale, la nécessité de réorganiser l'enseignement se fait jour et deux options parallèles s'ouvrent : le primaire supérieur et le secondaire. Les écoles normales et les écoles professionnelles, commerciales et techniques se développent largement. Ce n'est qu'en 1930 que la gratuité sera étendue au second degré.En 1936, le ministre de l'Éducation nationale Jean Zay unifie les différents degrés mis en place au milieu du XIXe s. pour faciliter le passage de l'enseignement primaire à l'enseignement secondaire. Mais bien que la scolarité soit alors obligatoire jusqu'à quatorze ans, on ne parvient pas à supprimer les inégalités sociales dans ce domaine. L'enseignement postscolaire se développe mais sans se généraliser, le supérieur demeurant réservé à une minorité (100 000 étudiants en 1945).Après la Seconde Guerre mondiale, le plan Langevin-Wallon, qui ne sera cependant pas réalisé, affiche les objectifs ambitieux du système éducatif : « Ce n'est pas seulement l'éducation pour tous, c'est la possibilité pour tous de poursuivre au-delà de l'école et durant toute leur existence le développement de leur culture intellectuelle, esthétique, professionnelle, civique et morale ».L'enseignement de masseLe tournant des années 1950Après un développement lent jusqu'en 1950, l'enseignement secondaire et, dix ans plus tard, l'enseignement supérieur connaissent dans tous les pays industrialisés une explosion numérique qui modifie profondément la vie des établissements, le contenu de l'enseignement et le sens des diplômes.Les effectifs du secondaire, encore réservé à une minorité jusqu'en 1945, passe de 1 million d'élèves environ en 1950 à 3 158 000 en 1960-1961 (pour dépasser les 5 millions au début des années 1990). La progression est encore plus nette dans les universités, qui passent de 214 700 étudiants en 1960-1961 à 1 018 600 en 1989-1990. Cette évolution est provoquée à la fois par la croissance démographique (le « baby-boom » de l'après-guerre) et par les besoins de l'économie : c'est à cette époque que l'on prend pleinement conscience que la formation est un des facteurs d'augmentation de la productivité. Une adaptation des structures de l'école devient nécessaire. Elle est rendue plus urgente encore par les événements de mai 1968, qui agitent l'Université : quelle qu'ait pu être leur exploitation politique, ils mettent d'abord en cause la centralisation, la hiérarchie et une partie de la pédagogie. Les grandes réformes des années 1960 et des années 1970 – en particulier la loi Haby (1975), qui instaure notamment le collège unique – permettent d'élargir l'accès à l'enseignement secondaire et à l'enseignement supérieur. L'afflux massif d'étudiants à l'université est renforcé par l'objectif politique énoncé en 1989 de faire parvenir 80 % d'une classe d'âge au niveau du baccalauréat à l'horizon 2000. Les années 1990 connaissent une série de réformes, abouties ou avortées, qui témoignent de la difficulté d'adapter le système éducatif à l'évolution de la société.La crise de l'école en FranceLe collège pour tous, le lycée pour plus de 80 % d'une classe d'âge, l'université pour plus de 40 %, un million de professeurs de tous niveaux – soit presque 5 % de la population active –, le premier budget de l'État : ce sont les données en France, où, par ailleurs, ce sont les communes qui gèrent les écoles maternelles et élémentaires, les conseils généraux qui gèrent les collèges et les Régions qui gèrent les lycées.Dans l'enseignement secondaire, les difficultés des établissements résultent d'abord de l'inadaptation aux changements culturels, de la ségrégation sociale intra-urbaine et peut-être aussi des réformes du baccalauréat qui n'ont pas cessé de se succéder. Le lycée autoritaire d'avant-hier n'est plus de mise, et des règles nouvelles émergent dans une certaine confusion. Le chef d'établissement doit payer de sa personne. Les disparités entre villes et banlieues concentrent les difficultés dans les collèges où les enfants des milieux défavorisés arrivent avec un faible bagage et ne croient guère aux avantages de la scolarité.Une mention spéciale doit être faite aux grandes écoles, institutions caractéristiques du système français. Il s'agit d'écoles spécialisées, créées par l'État pour faire face aux besoins de fonctionnement de l'administration (École normale supérieure, pour la formation des professeurs, fondée en 1794 ; École nationale d'administration (ENA), créée en 1945, pour la sélection des hauts fonctionnaires), ou pour répondre aux exigences de la révolution industrielle et du développement économique (École polytechnique ; École centrale des arts et manufactures). L'existence et le fonctionnement de ces grandes écoles font l'objet de nombreuses critiques. Si personne ne met en cause la qualité de leur enseignement, il leur est souvent reproché de ne concerner qu'une élite, de développer un « esprit de corps » et de former ce que l'on appelle couramment une « technocratie ».Une chance pour tousL'incertitude des maîtres sur les contenus à transmettre est partagée par les élèves. La culture classique n'est plus recevable que par une minorité motivée. Est-ce une raison pour la faire disparaître ? Et par quoi la remplacer ? Ces questions alimentent une querelle entre « pédagogues » et « républicains ». On a multiplié les options, en croyant servir les intérêts des élèves. Il est maintenant prouvé que toute diversification entraîne une hiérarchisation des voies.L'enseignement démocratique est celui qui est suivi par tous ; il peut se rapprocher de l'égalité des chances, non de celle des résultats. Le sociologue D. Bell a bien exposé pourquoi une société largement fondée sur le mérite est dure à supporter par ceux qui ne réussissent pas. Vu l'importance accordée aux diplômes, et consacrée par le prestige des grandes écoles, l'Éducation nationale a la charge, démesurée, de définir le devenir professionnel et social de tous.La revalorisation du baccalauréat professionnel est à l'ordre du jour et, dans les universités, l'orientation de certains enseignements vers une utilité professionnelle est en marche, de même que la séparation entre cursus courts et longs. Toutefois, la question de savoir si, et comment, ces développements différents peuvent coexister avec une orientation fondamentalement scientifique reste posée.Les tendances actuelles de l'enseignement dans le monde vont dans le sens d'une unification des méthodes et des diplômes. Mais elles se heurtent partout aux traditions nationales et aux différences de développement. La fin du XXe s. a en outre connu une prodigieuse accélération des sciences et des techniques. La pédagogie et l'organisation de l'enseignement se ressentent de cette évolution et ne peuvent ignorer l'impact des technologies nouvelles (développement de l'informatique et d'Internet).Enfin, tandis que les pays industrialisés devaient faire face à la rapide scolarisation de la population, l'alphabétisation dans les pays en voie de développement continue d'être un enjeu de premier plan. Affirmé dans la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948, le droit à l'éducation est réaffirmé dans la Convention internationale des droits de l'enfant de 1989 (accès à un enseignement primaire obligatoire et gratuit pour tous). Enjeu de solidarité internationale, l'éducation primaire pour tous figure parmi les Huit Objectifs du millénaire fixés en 2000 par l'ONU d'ici à 2015.
INFORMATIQUEEnseignement assisté par ordinateurEn tenant compte des acquis de la recherche pédagogique, on peut désormais enregistrer, dans des mémoires de gros ordinateurs, de vastes quantités d'informations et de nombreux programmes d'enseignement (didacticiels et logiciels de gestion pédagogique) ; à domicile, sur le lieu de travail, dans les locaux d'enseignement, on peut disposer de terminaux dotés d'une certaine « intelligence locale » aptes à exécuter des didacticiels de façon interactive (tenant compte des réponses de l'utilisateur) et à se connecter par un réseau informatique aux puissants ordinateurs centraux. On peut également disposer de terminaux reliés à Internet permettant d'accéder à des bases de connaissances mondiales exploitées dans un cadre pédagogique.
PÉDAGOGIEL'enseignement programmé s'est développé à partir des travaux de B. F. Skinner. Celui-ci a généralisé à l'homme les principes qu'il avait mis au jour dans le domaine de l'apprentissage chez les animaux. Les programmes d'enseignement qu'il a élaborés comportent une division de la matière à enseigner en éléments ordonnés qui forment une suite que l'élève doit parcourir d'un bout à l'autre sans pouvoir en sauter et sans avoir à choisir. Ici, le renforcement tient dans la correction immédiate des réponses de l'élève ; un renforcement positif est la règle et l'acquisition du savoir se fait par petites étapes.
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