château

nom masculin
(latin castellum, forteresse, diminutif de castrum, camp)

Cet article fait partie du DOSSIER consacré à la féodalité.

Habitation seigneuriale ou royale.
Grande et belle maison de plaisance à la campagne.
Autrefois, demeure féodale fortifiée, défendue par un fossé, des murailles et des tours. (Synonyme : château fort.)
Suivi d'un nom propre et avec majuscule, désigne un grand cru du Bordelais.
Le Château, nom donné familièrement au palais de l'Élysée, résidence du président de la République.
Château de cartes, petite construction que l'on fait avec des cartes ; chose mal assise, dont la durée est incertaine ou précaire.
Château d'eau, réservoir élevé maintenant la pression dans un réseau de distribution d'eau.
Châteaux en Espagne, projets chimériques.
Vie de château, vie très agréable, oisive et opulente.Cuisine Pommes château, pommes de terre tournées, blanchies et rissolées.Héraldique Meuble constitué par trois tours réunies par des pans de murs crénelés.Marine Superstructure placée au milieu du navire, s'étendant sur toute sa largeur et utilisée pour les aménagements de l'équipage ou des passagers. Château d'avant, d'arrière, ensemble des constructions élevées aux extrémités des anciennes nefs.Nucléaire Conteneur blindé et étanche permettant d'effectuer le transport ou le stockage de matières radioactives conformément à la réglementation.

Du castellum celtique aux fantaisies féériques du XIXe s. bavarois, l'aspect du château traduit sa fonction, tant matérielle que symbolique : la bâtisse fortifiée, emblème de la puissance du seigneur féodal, fait peu à peu place à la demeure de plaisance, au palais d'apparat. Ainsi, selon les époques, la stabilité des pouvoirs et les techniques guerrières, les monarques et les seigneurs ont habité d'imprenables places fortes ou d'agréables résidences.
Le château fortChâteau fort et féodalitéConstruction proprement médiévale, apparue vers la fin du Xe s. et dont la naissance est inséparable de l'essor de la féodalité, le château fort doit son originalité à la multiplicité de ses fonctions : forteresse et résidence du seigneur, centre politique d'une domination territoriale, enfin centre de l'exploitation seigneuriale (de la seigneurie).En principe, le droit de construire une forteresse appartient au roi ou à ses délégués. Cette règle carolingienne ne s'est pas perdue aux Xe et XIe s., période durant laquelle, pourtant, le pouvoir royal est affaibli et l'émiettement politique effectif. Le morcellement du pouvoir politique qui caractérise le premier âge féodal ne peut que se traduire par la multiplication des forteresses, symboles de l'autonomie du seigneur, qui détient le droit de ban.Mais une hiérarchie s'établit très vite lorsque la construction en pierre, coûteuse, remplace la construction en bois : seul un petit nombre de seigneurs peut posséder un château maçonné ; les autres n'ont plus qu'une maison forte, qui les distingue néanmoins du commun.Origines du château fortDe l'oppidum romain aux fortifications carolingiennesDans l'Empire romain, tandis que les riches propriétaires terriens se bâtissent des villas, qui sont à la fois des fermes et des résidences, parfois luxueuses, les Celtes élèvent ce que Jules César appellera oppidum : généralement placé sur une hauteur, ceint d'un rempart et d'un vallum (retranchement), il entoure des édifices publics, des habitations, voire une ville entière, comme à Grabenstetten (Allemagne), d'une superficie de 1 600 ha. À la fin de l'Empire romain, les villas sont fréquemment fortifiées, et les villes gauloises se dotent d'un réduit, où la population peut se réfugier en cas d'attaque : le castellum.Entre le IVe et le Xe s. apparaissent des défenses éclatées, de bois, de terre et parfois de maçonnerie, fortifications entourant souvent un bastion. Toutefois, ces enceintes fortifiées de l'époque franque puis carolingienne ne possèdent pas les caractéristiques du château. Ce sont soit de vastes enceintes couvrant plusieurs hectares, soit de petites enceintes circulaires de 50 m de diamètre environ. Dans l'un et l'autre cas, une palissade de bois rudimentaire, précédée d'un fossé, semble avoir pour fonction de protéger un domaine, un village ou une grande ferme contre brigands et maraudeurs ; ces enceintes ne sont pas aptes à résister à un assaut d'envergure.Le château à motteVers la fin du Xe s., tandis que la féodalité se constitue en Gaule, divisée en « châtellenies », apparaît le château à donjon, ou château fort. Constitué d'une tour de bois – destinée à abriter le seigneur et les siens, une garnison et des vivres –, il est bâti sur une motte de terre (dont la tapisserie de Bayeux a conservé l'image).Au pied de la motte, le fossé, qui précède un talus surmonté d'une palissade de bois, constitue une première ligne de défense ; au sommet, le donjon, tour de bois carrée, et la « chemise », autre palissade, forment l'ultime réduit défensif ; le donjon sert également de résidence au seigneur. Le plan se complique parfois : des mottes secondaires peuvent renforcer la défense de la palissade. La pierre est très tôt utilisée dans les régions où elle abonde ; au début du XIe s., le comte Foulques Nerra fait élever en Anjou et en Touraine nombre de donjons en pierre, dont le plus ancien semble être celui de Langeais (994). L'usage du bois se maintient pourtant, notamment dans le nord de la France et de l'Europe, jusqu'à des dates tardives : XIIe s. en Île-de-France, XIIIe s. en Flandre ; en Bohême, le château de Karljstein, que Charles IV bâtit au XIVe s., comprend encore un étage en bois.Le château romanUn ouvrage maçonnéLa Révolution marque la fin, du moins en France, de la construction des châteaux, privilège nobiliaire, et elle en détruit d'ailleurs un grand nombre. Les privilèges changent de mains, et la bourgeoisie s'intéresse elle aussi aux châteaux : en 1818, un banquier rachète celui de Maisons, qui devient Maisons-Laffitte ; les industriels du XIXe s. se font construire de tapageuses bâtisses, anoblies du nom de château.Napoléon III se contente, en plus de ses ajouts au Louvre, d'entreprendre la restauration de quelques châteaux, dont celle de Pierrefonds, confiée à Viollet-le-Duc, et d'élever, à Biarritz, la villa Eugénie, résidence dont la principale grâce est la vue sur la mer ; plus tard transformé en hôtel, le palais devient palace.Louis II de Bavière est le dernier grand bâtisseur de châteaux ; celui de Neuschwanstein, commencé en 1869, avec ses tours élancées, évoque, dans son décor alpestre, à la fois Wagner et les frères Grimm.
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