agencenom féminin(italien agenzia, de agente, agent) Cet articl
Fonctions des agences de presseLes agences de presse recueillent, trient, traitent, stockent, transmettent et diffusent l'information. Pour ce faire, elles doivent concilier les impératifs – parfois contradictoires – de rapidité, d'exactitude et d'exhaustivité. Les grandes agences internationales sont en mesure de couvrir l'événement où qu'il se produise : elles entretiennent des correspondants dans les principaux centres producteurs d'information du monde. Quand elles ne disposent pas de représentant dans un pays, elles ont un réseau de couverture qui leur permet de s'informer rapidement – par l'écoute des radios, le dépouillement de la presse, les contacts avec les hommes politiques en exil. L'urgence prime : leurs clients, que ce soient des médias ou non, comptent en premier sur elles pour être informés de l'actualité.L'information est protéiforme. Les agences restent marquées par le credo du « fait brut », par une vision positiviste conduisant le journaliste-agencier à devoir répondre d'abord aux questions : « Qui ? [a fait ou dit] Quoi ? Où ? Quand ? Comment ? », et éventuellement « Pourquoi ? ». Se pose en outre, en amont, la question du choix de l'actualité : « Qui et quoi couvrir ? » En tout état de cause, les agences doivent alimenter un flux informationnel en continu, où sources et émetteurs, clients et publics à travers le monde puissent trouver l'information qui les concerne.À la pointe des progrès techniques depuis leur création au milieu du XIXe s., les agences disposent de réseaux de télécommunications de plus en plus complexes – télégraphe, téléphone, téléscripteurs, télécopies, ondes radio, ondes hertziennes, transmission par satellite, courrier électronique – qui abolissent les barrières spatio-temporelles et leur permettent d'acheminer et de traiter une information dont le volume et le débit sont en augmentation constante. Désormais, les grandes agences offrent à leurs clients non seulement la possibilité de s'informer sur tout, mais aussi celle de conclure des transactions en temps réel.Histoire des agences de presseL'intérêt porté à l'information par le monde de la finance et de l'économie est ancien. Au Moyen Âge déjà, puis à la Renaissance, banquiers et commerçants développent, depuis les ports et lieux de foires européens, des réseaux privés d'information internationale où circulent des « nouvelles à la main », feuilles manuscrites contenant les principaux événements politiques et économiques du temps, qui seront plus tard imprimées et commercialisées auprès d'un public plus large sous le nom de « gazettes » (de l'italien gazzetta, « petite monnaie », soit le prix de ce type de feuille).Au XVIe s. encore, des négociants flamands inventent la Bourse, qui connaît par la suite un remarquable développement. C'est parce qu'il est le seul à connaître l'issue de la bataille de Waterloo, en 1815, que Nathan Rothschild peut réaliser, à Londres, un coup de Bourse devenu légendaire.Le cartel des premières agences de presseVers la même époque, Charles Havas (1783-1858), ancien négociant d'un banquier français rival des Rothschild (Ouvrard) ouvre à Paris, en 1832, un modeste bureau de traduction de journaux étrangers pour la presse parisienne. Situé près de la Bourse et de l'hôtel des Postes, ce bureau deviendra, en 1835, la première agence de presse des temps modernes.Dès 1840, dans un article peu amène, Balzac montre comment l'Agence Havas est devenue indispensable à la presse française et, plus encore, au pouvoir. En effet, l'ancien négociant jouit d'un monopole de fait dans la mise en forme et la transmission rapide de l'information. Entreprise privée, son agence devient l'interlocutrice privilégiée, apte à diffuser l'information gouvernementale quel que soit le régime – monarchie, empire ou république. En retour, le pouvoir lui accorde des avantages, tel le droit d'utiliser le réseau télégraphique jusque-là réservé à l'armée.Mais l'utilisation du télégraphe électrique est coûteuse. Aussi l'Agence Havas doit-elle s'entendre avec des entreprises concurrentes : Reuters, fondée à Londres en 1851, et Wolff (qui deviendra la Continental), créée à Berlin en 1849. Ces agences se partagent le monde, chacune possédant ses « territoires » réservés – l'Europe méridionale, l'Amérique latine et les possessions de l'Empire colonial français pour Havas ; l'Allemagne, le nord et l'est de l'Europe pour la Continental ; l'Empire britannique et l'Orient pour Reuters. Par la suite, elles s'allient à l'Américaine Associated Press (AP), créée par une coopérative de journaux de l'État de New York en 1848.À partir de 1859, un cartel d'agences alliées contrôle ainsi l'essentiel du flux des informations internationales circulant par télégraphe, téléphone ou radio. Le système, cependant, est affaibli par la Première Guerre mondiale. En effet, qu'elles soient officielles, officieuses ou indépendantes, les agences internationales, et plus encore les agences nationales, reflètent la situation géopolitique du pays où elles ont leur siège.Un marché de plus en plus compétitifLa domination des agences américaines dans les années 1930-1970L'entre-deux-guerres est marqué par une aggravation des tensions entre les grandes agences de presse. Avec l'avènement de régimes totalitaires en Allemagne et en Union soviétique, les nouvelles agences (Deutsches Nachrichten Büro pour la première, et Tass pour la seconde) investissent dans la radio ondes courtes à des fins de propagande internationale. En France, l'Agence Havas, puissance controversée, résiste difficilement aux tentatives de démantèlement de Léon Blum, en 1936 ; en 1940, sa branche information est « nationalisée » par Pierre Laval, qui en fait une agence officielle. Tandis que les États-Unis affirment leur puissance sur la scène géopolitique internationale, les agences de presse américaines – Associated Press (AP) et sa rivale, United Press (UP), fondée en 1907 – commencent à dominer le paysage de l'information.Après 1945, les agences américaines ayant acquis une position dominante, les États-Unis édictent la libre circulation internationale de l'information.Pendant la guerre froide, les agences occidentales se concurrencent donc, mais développent un professionnalisme commun, en opposition avec les valeurs défendues par Tass ou l'agence Chine nouvelle. En France, les agenciers de l'Agence France-Presse (A.F.-P.), créée en 1944 par des résistants, dont des anciens d'Havas, tentent de mettre en place un type d'information mondiale de facture « française » ou « latine », différente de l'anglo-saxonne. Celle-ci reste pourtant dominante. Fortes de la richesse du marché intérieur américain, Associated Press (AP) et United Press International (UPI) – née de la fusion en 1958, de UP avec l'agence International News Service (INS) – se renforcent en Occident et en Orient.Cependant, dans les années 1970, l'A.F.-P. regagne sa place parmi les grandes agences de presse mondiales, aux côtés de Reuters, AP et UPI.La question du partage du marché de l'informationAu début des années 1980, les agences mondiales sont mises sur la sellette. Dans d'autres enceintes internationales, et tout particulièrement à l'Unesco, et, le clivage Est-Ouest se double d'un différend Nord-Sud. Les pays de l'hémisphère Sud pourfendent le néo-impérialisme culturel que pratique l'Occident par médias, et donc par agences, interposés. Le Nord est accusé de déverser des informations le concernant vers le Sud, et de déformer l'information envoyée par le Sud : ainsi, l'Inde se lasse de recevoir des nouvelles sur la famille royale britannique, et l'Afrique de voir les médias occidentaux insister sur ses crises et ses catastrophes. Le Sud préconise, parallèlement à un nouvel ordre économique mondial, un « nouvel ordre mondial de l'information et de la communication » : le principe du pluralisme des sources d'information doit être respecté, et la circulation de l'information se doit d'être équilibrée aussi bien que libre.Ce mouvement de contestation aboutit à la création d'agences de presse nationales dans les pays en développement. Les agences du Sud renforcent la coopération entre elles : ainsi, l'Agence panafricaine de presse (PANA) réalise des échanges d'information entre les agences nationales du continent et sert également de plaque tournante pour les agences mondiales. Quant à Inter-Presse-Service (IPS), elle multiplie les échanges entre les agences d'Amérique latine, d'Afrique et d'Asie. Il existe des marchés locaux, régionaux ou nationaux de l'information, tout comme il existe des marchés internationaux : en information sportive, on se passionne à Hongkong pour les nouvelles du Tour de France. Il existe aussi des marchés spécialisés.Diversification des techniques, des services et de la clientèleCette spécialisation s'opère notamment vers l'information boursière : la « planète Bourse », plus encore que le monde des médias, assure des revenus importants aux agences de presse. L'agence Reuters, qui s'est informatisée dès les années 1960, a pu développer les services économiques et financiers qui lui avaient déjà permis de s'attacher la clientèle de la City de Londres dans les années 1850. Ainsi l'essor des instruments financiers et des opérations conclues en temps réel par des acteurs de plus en plus interdépendants – qu'ils se trouvent à Hongkong, Chicago ou à Bombay – fait-il aujourd'hui la fortune de Reuters. Ses principales concurrentes se sont également lancées dans cette course au marché de l'information économique et financière en développpant des services pour les marchés boursiers, tandis qu'émergent des agences spécialisées dans ce domaine (telles que l'agence Bloomberg).Pour les agences à vocation généraliste, les médias (journaux, radios, télévisions) demeurent la clientèle majoritaire. Ce marché a été caractérisé dans les années 1980 par l'apparition d'une nouvelle clientèle, celle des chaînes de télévision commerciale, et par une évolution de la demande en faveur de certains types de contenu (information économique, sportive et de divertissement notamment).Les investissements réalisés par les agences de presse dans les technologies de pointe (informatisation, télécommunication par satellite, puis Internet) leur ont permis de diversifier leurs services (photographie, audio, infographie, vidéo, multimédia, etc.). L'avènement de l'Internet, notamment, les confronte à une exigence toujours plus grande de leurs clients en matière de réactivité ; en outre, le public a de plus en plus accès à une information en ligne gratuite.Le cas particulier du statut de l'A.F.-P.En 1957, l'A.F.-P. obtient un statut garantissant son indépendance rédactionnelle : « l'Agence France-Presse ne peut en aucune circonstance tenir compte d'influences ou de considérations de nature à compromettre l'exactitude ou l'objectivité de l'information ; elle ne doit, en aucune circonstance, passer sous le contrôle de droit ou de fait d'un groupement idéologique, politique ou économique ». Dans le conseil d'administration, les représentants de la presse nationale disposent de huit sièges sur quinze, tandis que siègent trois représentants des services publics. Toutefois, une part très considérable de ses recettes (40 % en 2004) provient des abonnements des services publics (ministères, administrations, etc.).
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